Mirror Maze

Autant de miroirs faisaient sérieusement tourner mon esprit dans un millier de sens. Je ne savais plus où donner de la tête. J'avais beau serrer la main d'Hisae dans la mienne, je savais ne pas être à l'abri de la perdre au détour d'un couloir. Même si ses mots me rassuraient, plus j'avançais et moins j'étais certaine de pouvoir sortir de là rapidement tout en tenant toujours sa petite main dans la mienne. Nous cherchions un endroit vide quelque part, une sorte d'issue qui nous permettrais de sortir de là. Je riais en manquant de me prendre un miroir dans la figure. « Oui c'est plus simple mais on n'est pas à l'abri d'un accident. Je n'ai jamais fait ce genre d'attraction... Alors je ne serai pas d'une grande aide. » Je serrais un peu plus fort sa main de mes doigts, si cela était encore possible, avant de me tourner vers elle pour caresser doucement le haut de son crâne. Un court instant, mais déjà bien assez long pour faire rougir mes joues et dérégler les battements de mon coeur. « Fais attention à toi. Hm ? Te prends pas de vitre. » Puis je me recentrais vers les vitres pour tenter de nous sortir toutes les deux de ce lieu si amusant et pourtant si difficile.

Je laissais mon regard glisser sur tout ce qui nous entourait en me demandant comment les concepteurs de cette attraction avaient pu penser à quelque chose d'aussi machiavélique. Piéger les gens entre des miroirs pour les laisser sortir eux-même. Je riais à haute voix alors que les pensées des autres participants apparaissaient dans mon esprit, mais rien de bien concluant pour nous aider à sortir de là. Au lieu de ça je me concentrais sur les pensées nippones de la douce Hisae. Je préférais ne rien comprendre que me perdre dans un brouhaha infernal. Mais cela ne m'aidait pas beaucoup à trouver la sortie. Je me prenais un miroir dans la figure, frottant mon front de ma main libre. L'ironie ! C'est celle qui préviens l'autre qui se blesse ! « C'est vraiment difficile de trouver le bon couloir. » Il faut croire que les derniers jeux avaient offert une nouvelle confiance en moi qui devait légèrement se calmer. Juste un peu, histoire de ne plus me prendre d'autres vitres. Ce serait de se retrouver avec un nez plein de sang devant mon crush. Très idiot !

(2)

Comme s'il n'existait aucune issue, je ne faisais que rencontrer des vitres. Hisae m'aidait du mieux possible mais il fallait croire que nos deux cerveaux combinés n'étaient pas réellement d'une grande utilité. Nous n'avancions pas d'un iota. Au contraire, nous ne faisions que trouver des impasses. Elle avait beau me dire de ne pas m'inquiéter pour elle, je ne pouvais m'empêcher d'avoir peu qu'elle se prenne à son tour un de ces foutus miroirs et qu'elle finisse avec des gouttes de sang sur son joli minois. Je n'avais pas de difficultés à m'imaginer jouer l'infirmière pour elle et panser ses petites blessures, mais je pensais qu'il était préférable de l'éviter. Je riais à ses petits commentaires qui étaient saupoudrés de son accent nippon. « Très solide même. Ca fait un peu mal en fait. » Ma main se posa sur mon front pour le frotter avec une certaine lenteur. J'étais surement rougie par le choc. Ce qui ne pouvais que s'accorder à la teinte de mes joues. Mettons cela sur la chaleur, ce sera préférable. Je n'avais pas encore osé aborder avec Hisae les frénésies de mon coeur.

Serrant sa main dans la mienne, je n'osais pas la lâcher un seul instant ni même une seule seconde. Je savais qu'il suffisait d'un manque d'attention même minime pour la perdre au détour d'un couloir. Nous n'arrivions pas à trouver la sortie alors je n'imaginais même pas devoir retrouver quelqu'un dans cette attraction infernale. « Je te suis, c'est surement le bon chemin. Et pas une seule seconde je ne te lâcherai ! » Ce qui pourrait sous entendre plus, mais je n'ajoute rien. Au lieu de cela je la suis dans ce petit couloir où nous ne rencontrons pas de miroirs ou de quelconque vitre. Le début d'un espoir ? Peut-être bien. Peut-être que l'étrangère avait enfin trouvé comment nous sortir de ce lieu. Peut-être qu'elle avait visé juste en se dirigeant vers ce couloir-ci. Ou peut-être que ce serait simplement une impasse. Nous ignorions tout mais nous tentions quelque chose. « Cette fois j'espère que c'est la bonne ! » Je pourrais même créer un canon à son attention si elle réussit à nous sortir toutes deux de là en un seul morceau et sans un bobo.

(3)

Noa a toujours aimé habiter dans cette belle ville portuaire. Les évènements y étaient nombreux, il appréciait encore plus l’été et toutes les activités qu’il leur réservait. Le jeune adolescent déambulait au milieu des nombreuses attractions, seul. Ça ne le dérangeait pas de n’avoir aucune compagnie, le grand blond sachant parfaitement user de plusieurs tours pour s’amuser. Il avait voulu inviter Sun mais ce dernier s’était excusé en disant être trop occupé. Ce n’était pas bien grave. Noa parcourut plusieurs attractions et arriva enfin devant le labyrinthe du miroir. C’était assez intimidant, il ne mentirait pas. De plus, avec son sens de l’orientation plus que désastreux, l’adolescent craignait le pire.

Au pire, ce serait une bonne façon de perdre du temps, et de se perdre tout simplement. Munis de son éternel idiotie, Noa se dit qu’il faudrait simplement aller le plus droit devant possible pour réussir à s’en sortir. Oui, c’est un petit génie. Alors quand il tomba sur la première intersection, il ne tourna ni à gauche ni à droite et préféra aller tout droit.

(1)

Le jeu ne voulait clairement pas me laisser gagner. Je ramais sur place, incapable d'avancer beaucoup plus. Je rencontrais toujours et encore que des vitres. Rien de plus. Pas une seule issue, pas un seul échappatoire; rien. Seulement ces vitres qui bloquaient mon avancée vers la sortie libératrice. Je me demandais véritablement pourquoi j'avais décidé de me rendre ici en pensant que ce serait véritablement drôle. Je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de drôle dans le fait de se prendre des vitres en pleine face... Peut-être était-ce parce que j'étais seule ? Je croisais d'autres personnes venues en couple ou en amis, rire ensemble. Je n'avais que trop peu d'amis, et encore moins un petit ami avec qui partager ça. C'était peut-être ça qu'il y avait de drôle ? Voir la personne que l'on apprécie se faire aussi mal que nous ? J'haussais les épaules en continuant d'avancer. Il fallait bien que je réussisse à trouver cette sortie à un moment ou un autre. Je n'allais pas rester aussi longtemps bloquée dans ce labyrinthe infernal.

Les mains en avant, je ne me décourageais pas même avec toutes mes pensées négatives. Je me répétais sans cesse que jamais je ne sortirais de là et que je resterais bloquée ici; mais la vérité était que je continuais malgré tout à avancer. Je continuer à mettre un pas devant l'autre pour me sortir de là. Je continuer de chercher un couloir vide dans lequel m'engouffrer pour m'approcher un peu plus de la sortie. J'avais l'impression pour le moment de faire tout ça à reculons et de ne pas réussir à m'en approcher. Elle semblait presque s'éloigner en se moquant de moi. Un long moment, j'appuyais mon front contre la vitre en essayant de réfléchir. Mais la réflexion n'avait pas place dans ce genre d'attraction. C'était bien là mon plus grand malheur !

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