HISTOIRE
[Samedi 11 mars 2000, Gyeongju]Nous sommes assis à table, attendant patiemment le bon déjeuner que ma mère est en train de préparer. En attendant l’arrivée du plat, mon père lit le journal avec assiduité, les dernières nouvelles économiques semblent le passionner. Je peux parfois voir son nez se retrousser à la lecture de certains passages, il n’a pas l’air d’être ravi par ce qu’il lit. Est-ce que certains des investissements qu’il prévoit pourraient se voir menacer par les nouvelles conjonctures ?
- Le repas est prêt, finie la lecture, dit ma mère en déposant le gros plat de fondue au centre de la table.
Papa quitte aussitôt des yeux le journal et se concentre désormais sur le plat de fondue, placé au centre de la table. Il semble déjà dévorer le contenu des yeux. Quant à moi, j’essaie de terminer le chapitre du livre que je lisais, au plus vite, ne pouvant pas non plus stopper ma lecture en plein milieu.
- Si An, veux-tu bien arrêter ta lecture ? Tu pourras reprendre où tu en es plus tard, me réprimande doucement ma mère alors que je fais la sourde oreille. Bien trop déterminé à terminer ce chapitre. Il ne reste que trois pages !
- Si An, tu es sourd ? Me demande plus sèchement mon père et à son entente, je ne peux m’empêcher de lever aussitôt les yeux vers lui, un peu honteux.
- Mangeons maintenant, annonce ma mère qui n’oublie jamais de sourire, peu importe la circonstance.
Je ferme à contre cœur le livre et le dépose en lieu sûr, pour lui éviter d’être sali ou abîmé au cours du repas. Je ne suis pas la personne la plus ordonnée ou la plus soigneuse qu’il soit en règle général, mais quand il s’agit de livres, je suis très maniaque. Une fois mon livre débarrassé, je viens m’asseoir et nous commençons la dégustation. Maman nous regarde papa et moi en faisant un grand sourire, elle raffole de ces moments où nous nous retrouvons tous les trois devant un bon repas et commençons à discuter de tout et de rien. Alors que maman est en train de me mettre un tas de viande dans mon bol accompagné de quelques légumes même si je déteste cela, papa me jette un coup d’œil. Il semble vouloir me dire quelque chose, mais cherche comment formuler les choses. Il ouvre la bouche à plusieurs reprises puis la referme sans rien dire et au bout de la cinquième tentative, il semble se dire « tant pis, allons-y » et se lance :
- Quand vas-tu te décider à sortir un peu ? Aucun sport ne t’intéresse ? Tu ne peux pas toujours passer ton temps à étudier… Nous apprécions tes efforts, mais prendre l’air pourrait te faire du bien…Je le regarde sans expression, ne comprenant pas sur le coup pourquoi proliférer de tels propos était aussi compliqué pour lui.
- Ton père a raison. Nous ne te forçons pas à étudier autant, tu sais, ajoute ma mère pour mettre fin au silence qui avait suivi les propos de mon père.
- Je sais, mais j’aime bien, je réponds tout simplement, sachant déjà que mes parents ne m’ont jamais mis autant de pression pour les études et que si j’apprends autant, c’est pour mon plaisir personnel.
Papa soupire, il ne semble pas comprendre ma réaction, ni même la valider. Tandis que moi, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ils sont gênés par le fait que j’étudie autant. La plupart des parents forcent leurs enfants à aller en institut privé après l’école pour faire des études supplémentaires alors que moi, j’y vais de bon cœur et je réclame même toujours plus. Ne devraient-ils pas être heureux à la place ? La plupart des parents que nous rencontrons disent les envier que j’aime autant apprendre. Alors, pourquoi cette réaction ?
- Mais tu ne peux pas vivre que pour les études. J'apprécierais que tu aies d’autres passions dans la vie. Que tu t’extériorises un peu, reprend mon père.
- Ce serait bien que tu vois parfois des amis ou même que tu t’en fasses, tu ne peux pas toujours rester seul, ajoute à cela ma mère.
- J’ai beaucoup d’amis à l’école et aux instituts privés. On s’entend bien et on rigole beaucoup lors des pauses, je leur réponds, commençant à me demander s’ils pensent que je n’ai pas d’amis.
- Mais pourquoi tu ne nous demandes pas de les voir en dehors, si tu as des amis ?- Je vais à l’anniversaire de Taejin, la semaine prochaine. Vous avez oublié ?- Pardon ? L’anniversaire de qui ? Quand as-tu appris ça ? Et quand comptais-tu nous le dire ? Me demande ma mère, plus que surprise d’apprendre la nouvelle alors que j’étais persuadé de leur en avoir parlés.
- Taejin, un garçon de ma classe qui suit les mêmes cours supplémentaires de maths que moi. C’est un très bon ami et il m’a invité à son anniversaire, il y a plus d’un mois. Je ne vous en ai pas parlé ?- Non, sinon tu sais bien que nous n’aurions pas pris la peine de nous inquiéter au sujet de ta socialisation, rétorque mon père, très dérouté.
- Ah ben j’ai dû oublié. J’ai eu beaucoup à penser ces derniers temps. - Alors… Fais comme si nous n’avions pas eu cette discussion, tu sembles mieux t’en tirer que nous le pensions avec les autres… Néanmoins, sors un peu le nez de tes livres, surtout à table, conclue mon père, qui semble encore pris de court.
- Je ne vous en veux pas, normal de s’inquiéter quand on est parents, je déclare alors que ma mère et mon père font des expressions étonnées, comme si parfois certains de mes propos parvenaient à les choquer.
-Tu es sûr d’avoir 9 ans ? Demande mon père qui semble être le plus choqué.
- 9 ans et 6 mois, même ![28 mars 2019, Busan]- Déjà jeune, tu étais très intelligent, désireux d’apprendre et surtout très mature. Je revois encore la tête de papa quand tu lui as dit que c’était normal de s’inquiéter quand on est parents alors que tu n’avais toi-même que 9 ans.- J’avais 9 ans et 6 mois, maman, lui répondis-je, taquin, alors que cette dernière éclata de rire, à l’entente de ma réponse.
- C’est vrai, c’est vrai.
- Sinon papa va bien ?- Très bien, le pingpong et la méditation le passionnent particulièrement en ce moment. D’ailleurs, tu rigolerais, il se la joue encore plus chinois que moi, qui le suis naturellement… Il attend aussi ta visite et n’arrête pas de demander quand est-ce que tu vas venir.
- Ce sera pour bientôt maman, ne t’en fais pas. Faut juste que je termine de régler quelques petits trucs et…
- Ça fait 4 ans que tu nous répètes ça, je te signale ! À ce rythme, on va se voir à nos funérailles et encore, si tu ne les oublies pas ! Me répondit-elle, un peu fâchée.
- Ya ! Tu vas loin, là ! Ne parle pas de malheurs ! Je viendrais, j’ai dit… Bon, je te laisse, je vais manger avec des amis, ajoutai-je quelque peu agacé.
- Oui, oui, bye, raccrocha ma mère sans attendre.
Je raccrochai moi aussi le téléphone en soupirant doucement. C’est vrai que ça faisait 4 ans maintenant, qu’ils attendaient ma visite et jamais je n’avais trouvé le temps d’aller les voir alors qu’ils me manquaient. En même temps, en 4 ans, j’avais eu à faire… La complétion de mon doctorat en sociologie, la rédaction de ma thèse, la préparation du concours de recrutement des professeurs, mon embauche et cie… Ces 4 dernières années avaient été consacrées qu’à mon futur professionnel et cela avait porté ses fruits. J’avais obtenu mon doctorat haut la main, ma thèse en plus d’un ouvrage consacré à la sociologique que j’avais rédigés moi-même, avaient été publiés et j’étais parvenu à décrocher un très bon poste de professeur/chercheur en sociologie psychologique à l’université de Busan. Tout ce que j’avais souhaité, j’étais parvenu à l’accomplir et désormais, je pouvais enfin penser à mon plaisir personnel. Enfin, c’est ce que je pensais jusqu’à ce que cette dénommée « Ha Mi Ran (futur PV) » viennent tout chambouler avec son vieux livre poussiéreux.
Une semaine auparavant, à la fin d’un de mes cours, cette dernière qui était partie précipitamment avait fait tomber un vieux livre de son sac. L’ayant remarqué, je m’empressai de le ramasser dans l’espoir de pouvoir l’appeler tant qu’elle était encore en vue pour le lui rendre. Toutefois, quand je l’eus ramassé, des images assez déroutantes me vinrent en tête. Mi Ran se trouvait au beau milieu d’un cimetière, tenant le livre entre ses mains. Elle cherchait un endroit précis et n’arrêtait pas de répéter : « Où êtes-vous ? » sans que personne ne lui réponde. Arrivée à un certain endroit, elle se stoppa d’un coup et souriant au vide, elle dit :
-Vous étiez donc là. C’est ce dont vous me parliez ?
1 minute passa et aucune réponse ne fut donnée et pourtant, cette dernière reprit la parole comme si quelqu’un avait répondu à ses propos.
-Je vois… Vous voudriez que je le lui donne. Mais où trouver cette personne ? Vous avez une idée ? Peut-être un nom ou autre ?Quelques minutes passèrent encore dans le silence le plus total et pourtant, il arrivait à Mi Ran de hocher la tête ou de faire des petits commentaires comme si quelqu’un lui parlait.
-Très bien. Je ferai des recherches et je lui remettrai ce livre. Vous pouvez compter sur moi.Ce fut sur cette dernière réplique que ma vision se termina et que je repris mes esprits. Tout m’avait paru tellement réel, en plus ce cimetière, je le connaissais, c’était celui de Busan… Comment ces images avaient pu me venir à l’esprit ? Par ailleurs, voilà que Mi Ran était maintenant devant moi et me regardais de ses grands yeux curieux et à la fois scrutateurs. Était-elle en train de me passer aux rayons X ?
-Vous avez fait tombé ceci, mademoiselle Ha… Lui dis-je sans faire d’autre commentaire.
Celle-ci me remercia, très soulagée de récupérer le livre qui lui semblait précieux et partit sans ajouter rien de plus. Ainsi, la semaine défila et pas un jour ne passa sans que je songe à ce moment étrange. J’avais tenté de me l’expliquer de toutes les manières possibles, mais actuellement, aucune hypothèse n’était tangible. Ne pouvant pas accepter de laisser un mystère non résolu, je décidai alors qu’il faudrait un jour que je retienne Mi Ran après mon cours, pour en apprendre plus sur son livre et son lien avec l'ouvrage.
Si seulement j’avais su, qu’une telle décision et surtout ma curiosité maladive, allaient complètement bouleverser ma vie…
ANECDOTES
Rat de bibliothèque, il dévore les ouvrages. Cela l’a mené à devoir condamner l’usage de l’une de ses chambres pour que cette dernière puisse servir de pièce de stockage pour tous les livres qu’il possède. Il se demande même si bientôt, ce n’est pas une deuxième chambre qu’il va devoir sacrifier
▲ Passionné par les études, apprendre et étudier a toujours été et est encore actuellement, un vrai passe-temps pour lui. Déjà petit, alors que tous les enfants rechignaient à faire leurs devoirs, lui il réclamait du supplément
▲ C’est un
gros geek passionné par les jeux-vidéos que ce soit sur l’ordi ou sur console. Il aime tous les genres même si son cœur balance tout de même un peu plus pour les RPG en général
▲ Parle le chinois couramment, il l’apprend depuis sa naissance parce que sa mère est chinoise. C’est donc sa deuxième langue
▲ Déteste les légumes et pourtant, il sait bien qu’il faut en manger pour être en bonne santé, mais non, c’est juste impossible pour lui d’en consommer de trop, surtout les légumes verts
▲ Aime bien les animaux mais n’en élève pas. La raison est qu’il est trop occupé, même quand il est chez lui. C’est au point qu’il lui arrive souvent même, d’oublier de manger ou… dormir quand il est perdu dans ses réflexions ! N’osez même pas imaginer alors, ce qu’il pourrait arrivait à la pauvre bête… Peut-être qu’il réaliserait seulement au bout d’un mois qu’il a oublié de la nourrir ou encore qu’il avait un animal !
▲ Ne raffole pas des activités en extérieur et aime la plupart du temps, pouvoir rester tranquillement chez lui. Même quand il a des vacances, alors que beaucoup en profiteraient pour voyager à l’étranger, lui préfère les passer dans son petit havre de paix, la tête dans les bouquins ou les yeux rivés sur son ordi, devant un jeu ou alors en pleine session d’écriture. Par conséquent, il n’a voyagé que très peu de fois dans sa vie et ses parents qui sont partis vivre dans la ville natale de sa mère, Shanghai, attendent encore qu’il vienne les voir. Ça fera bientôt 4 ans qu’ils patientent !
▲ Très à cheval sur les bonnes manières et les étiquettes, il ne fait preuve d’aucune tolérance face à quelqu’un qui manque de savoir vivre et cela malgré sa gentillesse, patience et bienveillance
▲ Adore s’instruire, pouvoir participer à des débats compliqués, partager des idées etc. Et pourtant,
les femmes qui lui ressemblent ne l’attirent pas. Il a déjà tenté des relations du genre dans le passé et ces expériences ont été les plus catastrophiques qu’il ait pu vivre. Il recherche quelqu’un qui actuellement, saura le faire sortir un peu de sa bulle tout en sachant l’intéresser et titiller sa curiosité intellectuelle
▲ Malgré son caractère calme,
son genre de musique préféré est le rock et il s'arrange toujours pour assister aux concerts de ses groupes préférés quand ils sont de passage en Corée. Parmi les groupes de rock coréens, son groupe préféré est «
Guckkasten ». Sinon, il préfère en règle générale, le rock US ou anglais
▲ Même s’il aime passer du temps chez lui, souvent,
il ne refuse pas quand des proches l’appellent pour prendre un repas et boire un verre. Il a beau être
pantouflard, il n'est
pas pour autant asocial. Bien au contraire, il
aime les gens et pouvoir
passer du temps avec son entourage quand il en a le temps et que ses responsabilités peuvent attendre ▲
Gros gourmand, il ne peut pas se retenir quand il y a de la bonne nourriture devant lui, surtout de la viande ou de la junk food ! En ce qu’il s’agit de l’alcool, il le
tient très bien et peut boire à lui seul, cinq bouteilles de soju. Toutefois, dès qu’il commence à s’enivrer, il rougit beaucoup, devient très joyeux, énergique, dit beaucoup de bêtises et devient un bout en train qui veut faire la fête
▲ Bien qu’il approche la trentaine, il
ne court pas après l’amour qui n’est pas du tout une priorité à ses yeux, et cela, malgré les plaintes de ses parents. Il n'a d'ailleurs eu que de courtes relations jusque là, jamais rien de bien sérieux
▲ Très apprécié de ses élèves, car ce n’est
pas un prof qui se prend la tête. Au contraire, il a souvent le sourire et s’assure toujours de rendre chaque cours intéressant avec des petites anecdotes ou blagues glissées entre deux notions compliquées
▲ Parce que sa vue est très mauvaise (myope), il
porte des lentilles ▲ Il lui arrive souvent de perdre des choses ou d’être étourdi parce qu’il se perd lui-même dans le flux de ses pensées ou réflexions
▲ Il a la
phobie des souris et des rats.