Parcours du groupe Sun

Malgré la facilité avec laquelle j'avais balayé la grimpette, je n'en avais pas moins rencontré quelques difficultés. Maintes fois j'avais manqué de lâcher prise et de me laisser emporter par le léger courant d'eau dévalant le mur. Je savais maintenant que je pouvais aller me battre contre des ours sous des torrents d'eau glacé. Même pas peur ! En attendant ; il ne me restais plus qu'une épreuve. Une seule et je pouvais m'en retourner travailler et tenter de me sécher. L'épreuve de l'escalade ne m'avait pas épargnée et si j'y étais parvenu d'un seul coup, j'étais tout aussi mouillé que lors de l'épreuve précédente. Être méthodique et patient aidait certes à passer les épreuves avec plus de facilité, cela n'évitait pas les diverses éclaboussures lié au parcours. Je n'avais que précipité mon destin. Mes vêtements étaient imprégnés d'eau. Je me sentais lourd. Ce qui n'arrangeait pas vraiment mes affaires aux vues de l'épreuve suivante. On parlait d'équilibre là tout de même. Bonjour la belle galère. En temps normal, je ferai ça d'une traite, sans même poser les yeux vers le sol, mais là, les circonstances étaient différentes. Le tissus me collait à la peau et rendait mes mouvements moins aériens et moins fluide. Cela promettait quelques surprises et difficulté lors de la traversée. Pas question de me débiner cela dit. Je me tenais à quelques pas de la ligne d'arrivée, ce n'était pas pour me décourager pour si peu. Je me secouais tel un chien trempé, espérant me débarrasser d'un bon deux cents grammes de poids dans cette démarche étrange, et me lançais. Sérieux et concentré. Mes bras me suspendaient dans le vide où me déplacer était devenu comme une corvée. C'était de loin l'épreuve la plus difficile à mes yeux !

Le moindre faux pas conduisait irrémédiablement vers la chute. Cette fois, il n'y avait pas de juges pour m’autoriser ou non de continuer mon parcours, mon corps lui-même était seul à décider pour moi. Lui et ma maladresse évidement. Comme si je pouvais m'en sortir aussi facilement après tout. Il fallut que je trébuche à cause d'un lacet un peu trop défait. Résultat, le cul dans l'eau en contrebas. Cette fois, chaque parcelle de ma tenue était couverte d'eau. C'était une certitude. Je claquais mes bras dans l'eau, déçu mais aussi amusé par la cascade et me décidais de sortir de là, gonfler à la bloc. J'allais me reposer sur la ligne de départ non pas sans avoir balancé ma veste ainsi que mon tee-shirt au sol. Torse nu il me serait déjà plus simple de traverser en équilibre. Moins de contrepoids. Mon jeans me collait de toute manière à la peau et il n'était pas question de finir en caleçon juste pour cette épreuve. Je pouvais le faire. Je croyais en ma victoire comme jamais. Et puis, je devais bien admettre que cette petite trempette était bienvenue. L'été commençait tout juste mais il faisait déjà bien assez chaud pour piquer un saut dans une piscine. C'était gratuit. Ou du moins, ce n'était qu'au prix de quelques minutes perdues au compteur. Mais attends... c'est pas une course, si ?

Prétexte inconscient ou simple maladresse ? Je ne savais pas trop mais si il y avait bien une chose que je savais, c'est que l'équilibre et moi, ça faisait deux. Pourtant, j'étais pas le genre de gars à me casser la gueule pour rien, ni le genre à picoler jusqu'à me retrouver la gueule dans le caniveau. Je ne pouvais pas trop expliquer les faits, simplement les imaginer et reporter lâchement la faute sur mon jeans bien trop mouillé. J'ignorais si c'était là la véritable raison, ce que je savais, c'est que j'avais du mal à avancer sans manquer toutes les trois secondes et demie de perdre équilibre. Les trois quart du temps, je me contentais de battre des bras et retrouvais ma position mais les trois quart ne suffisait absolument pas à vaincre l'épreuve. Le quart restant me précipitait dans l'énorme bassin sous mes pieds. J'étais reparti pour tenter la traversée depuis le début sauf que cette fois, je n'avais même plus l'extase du rafraîchissement pour me mettre du baume au cœur. Je voulais juste réussir et retourner travailler. J'avais cruellement besoin d'argent et c'était pas en jouant les petit poisson dans l'eau que j'allais remplir mon compte en banque.

Cette fois, je n'avais pas pris le temps de badigeonner dans l'eau. J'étais sorti de là, vite fait bien fait en me secouant dans tous les sens. À force jouer au yoyo, j'en avais l'estomac tout retourné. Mon bol de nouilles n'aimait pas particulièrement le choc du chaud et du froid visiblement. De toute manière, cette fois, c'était la bonne. Fini les conneries et les pitreries. L'heure de table touchait à sa fin et mon impatience elle commençait lentement mais sûrement à me faire défaut. Cette fois, j'allais traverser d'un coup, sans prendre le temps. À trop jouer sur la précision, j'en finissais au fond de l'eau alors cette fois, j'allais tenter la version bourrin et advienne que pourra. J'étais lourd mais assez stable que pour tenter une micro course de cinq mètres. J'y croyais et il suffisait d'y croire pour y arriver, en tout cas, c'était les messages disney que ma fille aurait bientôt droit d'entendre. J'inspirais un bon coup et m'élançais, tel le bon gros taré que j'étais. Je manquais de me vautré à deux reprises mais cette entreprise porta ses fruits. J'avais vaincu, non pas sans efforts. Je me sentais fier. J'étais un conquérant. Attrapant mes affaires échouées sur le sol, je repris la route jusqu'à mon stand, sautillant comme un gosse bien heureux. Quelle expérience !