« Maman, maman, raconte-moi une histoire. »
Haute comme trois pommes, la petite Rivera Saki âgée de 5 ans à peine, courait voir sa mère afin qu’elle vienne la border et lui lire une histoire. Celles de ses grands-parents japonais, de ses grands-parents américains, de son père métisse japonais – américain et de sa mère japonaise ou encore les contes tout simplement. Elle écoutait attentivement et des histoires d’amours plein la tête, elle s’endormait paisiblement pour faire de jolis rêves ou, plus rarement, des cauchemars. Dans ces moments, elle aimait se réfugier dans le lit de ses parents qui l’accueillaient à bras ouverts pour la réconfortait. C’était leur rayon de soleil, elle respirait la joie de vivre, souriait très souvent, était très sociable et adorait passer du temps avec sa famille, chérissant tous ces moments, gardant ces souvenirs dans sa mémoire. La petite fille adorait aussi surfer et domptait des vagues d’une hauteur vertigineuse. Cette vie, elle l’adorait réellement, elle était réellement heureuse mais toutes les bonnes choses ont une fin et elle dut dire au revoir à son natale pour aller au Japon alors qu’elle n’avait que huit ans. Oh bien entendu, elle était jeune mais elle comprenait parfaitement les raisons pour lesquelles ils déménageaient mais ça ne l’empêchait pas d’appréhender. Elle avait apprécié ses vacances là-bas mais elle n’avait pas les mêmes mœurs qu’eux, cette réserve japonaise qui les caractérise. Cependant, trop jeune, elle n’eut pas d’autres choix que de les suivre et se rapprocha aussi de son parrain, frère de sa mère et chanteur. Elle pouvait au moins se rapprocher de lui.
« Parrain, pourquoi tu tousses ? »
Âgée de 12 ans, Saki voyait son parrain tousser encore et encore. Il avait fini par venir vivre chez les grands-parents de sa filleule tout comme celle-ci et ses parents, à Tokyo. D’ailleurs ceux-ci ne s’occupaient plus de leur fille et ne vivait que pour l’argent. Tant et si bien que Saki s’était raccrochée à ses grands-parents qui faisaient son éducation et la couvraient d’amour tout comme son parrain. Celui-ci ne lui répondit pas, caressant tout simplement les cheveux de la brunette et gardant pour lui son cancer des cordes vocales qu’il ne voulait pas soigner. Il refusait de vivre dans un monde où il ne pourrait pas chanter. Petit à petit, il perdait sa voix, son énergie, la fillette apprit le langage des signes avec lui pour qu’il évite d’avoir à trop parler. Elle faisait bien mais ce n’était pas assez, ce n’était pas cette opération et cette chimio dont il avait besoin mais qu’il ne ferait pas. Il finit par partir six mois plus tard, faisant promettre à sa filleule de ne pas pleurer, que c’était la vie et que c’était mieux comme cela. Il s’excusait aussi de ne pas avoir réussi à faire en sorte que sa sœur s’occupe de ce petit rayon de soleil qu’était Saki plutôt que de l’argent. Bien entendu celle-ci lui dit qu’il n’y pouvait rien, qu’elle le vivait bien et lui promit de le rejoindre quand le temps sera venu. C’est le sourire aux lèvres qu’il rejoignit le ciel, fermant les yeux pour toujours. Une larme coula sur la joue de la demoiselle qui venait de perdre l’une des personnes les plus importante de sa vie. En vérité, elle n’était plus rayonnante qu’avant son arrivée au Japon puisque son départ du continent américain marqua l’abandon de ses parents au profit de l’argent, l’absence de ses amis, des plages et du soleil de Floride, et de la solitude puisque c’était une étrangère avec un visage asiatique mais elle restait une étrangère. Une fille avec des mœurs différentes qui n’arrivait pas à s’intégrer. Cependant, elle n’avait jamais rien dit, n’avait pas versé une larme et faisait toujours comme si elle allait bien alors que ce n’était pas du tout le cas.
« Saki, tu veux faire de la danse ? »
Maintenant âgée de 13 ans, Saki regardait sa grand-mère sans comprendre ce qu’elle voulait dire et celle-ci lui expliqua. Elle avait vu toute cette peine dans les yeux de sa petite-fille et souhaitait qu’elle trouve une activité où elle s’épanouirait. Si ce n’était pas la danse, elle était prête à aller à lui faire essayer le chant, l’équitation ou autre chose. Bien entendu, étant très renfermée, elle n’osait pas aller vers les autres et restait dans son coin mais cela dura trois semaines. C’est à partir de là que le professeur l’obligea à participer, permettant à son élève de faire de véritables progrès et découvrir une véritable passion.
Tu avais trouvé une échappatoire, cela te faisait du bien.
« Votre grand-père est mort, je suis désolée mademoiselle Rivera. »
C’est une professeure qui annonça la nouvelle à la lycénne de 16 ans. Saki avait beaucoup changé en trois ans, elle s’ouvrait plus aux autres, avait même un copain et se sentait mieux dans sa peau. Ce nouveau bonheur s’évanouit alors qu’elle apprenait la crise cardiaque de celui qu’elle considérait comme son père. Elle pleura beaucoup et se raccrocha à sa grand-mère qui était comme sa mère, elles se soutenaient dans cette épreuve. C’était son dernier pilier, la dernière personne pour laquelle elle restait dans ce pays qui était égal au malheur pour elle. C’est d’ailleurs pour sa mamie que l’adolescente reprit les cours de danse, travaillait bien à l’école mais elle n’avait plus de temps pour son copain qui finit par la quitter. Tant pis, elle était jeune. Sa scolarité se passais bien tout comme la danse et la jeune fille décida de faire ses études dans une école de danse mais elle hésitait entre la Corée et le Japon jusqu’à ce que sa grand-mère trépasse. Elle avait tenu jusqu’au sotsugyo de sa petite-fille, puisant dans ses dernières forces pour s’assurer qu’elle aurait l’avenir qu’elle mérite. Saki lui promit d’ailleurs de tout faire pour être heureuse, de réussir dans la vie, et versa une larme lorsqu’elle lui dit qu’elle l’avait aimé comme sa propre fille. Elle-même l’avait aimé comme sa propre mère.
« Tu pars pour la Corée mais c’est génial, on pourra se rencontrer là-bas ! »
Saki sourit à sa correspondante coréenne avec qui elle parlait plus souvent anglais qu’autre chose et la salua après encore quelques minutes à parler avec elle. Ayant hérité d’une bonne partie de l’argent hérité par sa grand-mère, elle avait fait le choix d’aller à l’école de Busan pour y étudier la danse. Dans l’aéroport de Icheon, la jeune fille vit un phénomène étrange. Elle avait l’impression d’être comme Kira dans Death Note à pouvoir lire le nom et la durée de vie des personnes sauf que là elle lisait des choses comme « lévitation », « omnilinguisme », etc. Elle avait l’impression d’être ensevelie d’informations bien que ces inscriptions soient seulement au-dessus de quelques personnes et elle se dépêcha d’aller chez sa correspondante mais elle voyait la même chose qu’à l’aéroport. Alors elle lui demanda ce que c’était. Un don. Et Saki avait la perception instinctive. C’était comme si ce don avait attendu qu’elle soit sur le sol coréen pour se manifester. Etant effrayée par ces personnes possédant des dons surtout quand elle voyait certains noms comme « séduction » ou « contrainte verbale » mais le pire étant bien le premier pour elle. Pour éviter d’avoir à vivre avec une personne ayant le don de « séduction » elle chercha à prendre son indépendance mais rien ne se passa comme prévu…
« Tu penses pouvoir partir si facilement ? Mais tu te trompes Saki ! »
Maintenant étudiante en danse, Saki âgée de 19 ans avait trouvé son appartement mais seulement cela ne fut pas du goût de sa colocataire qui fit tout pour la séduire afin de lui voler sa première fois. Avant de totalement être sous son emprise, la jeune femme assomma Bomi et se dépêcha de rassembler ses quelques affaires et partie en courant de chez elle pour rejoindre son nouveau domicile. En voyant combien les dons pouvaient être dangereux, elle décida de tout faire pour les éradiquer et même gommer le siens. C’est en faisant des recherches qu’elle eut vent de l’organisation Shadow qui semblait bien intéressé par son don… Alors, pourquoi refuser ? C’est donc à 22 ans qu’elle rejoignit cette organisation luttant contre les personnes avec des dons.
Cependant, qu’en est-il de sa vie à côté des dons et des shadows ? Elle a fait cinq ans d’études de danse pour devenir professeur de danse et pour préserver son héritage familial, elle a travaillé au café Bleu en tant que serveuse avant de le gérer lorsque l’ancienne gérante fut partie. Aujourd’hui, elle vit en colocation et a un chat, Nami, un vrai petit amour qui aime son indépendance, elle gère toujours le café afin d’avoir la chance de voir une personne avec un don et est professeur de danse auprès des enfants. Cependant, il lui arrive parfois de ne pas oser dénoncer une personne avec un don qu’elle juge non dangereux et qu’elle a réussi à apprécier. Sinon, elle n’aura pas de pitié. Il n’est pas rare non plus qu’elle sorte le soir et finisse avec un ou une inconnue… Après tout, ça lui permet d’en apprendre plus sur les habitants tout en passant un bon moment.
Méfiez-vous de son beau sourire car il est plus souvent hypocrite que sincère si vous avez un don, et la miss sera une véritable vipère avec vous.