Mandu Eaters

Les assiettes ne tardèrent plus bien longtemps avant de nous être présentés. Il y avait un paquet de brioches devant mes yeux que je me demandais seulement s'il était possible d'en manger autant en aussi peu de temps. Bah, qui ne tente rien n'a rien comme on dit. En attendant, même si le plat avait l'air appétissant, je restais méfiant. Est-ce que le cuisinier cachés dans sa roulotte là-bas était en norme. Manquerait plus que je trouve un cafard cuit à la vapeur dans ma brioches aux légumes... Le sifflet retentit, lançant le début des hostilités. Je restais une bonne dizaine de secondes sans avaler quoi que ce soit. Je me contentais simplement de retourner la dite chose avec mes baguettes. Du jus s'échappait de part et d'autre de la part et à en voir l'aspect, le mandu avait rien de bio. Il avait probablement baigné dans un jus de viande assez gras... ou quelque chose du genre. Pour ce que j'y connaissais en cuisine moi. Je laissais Xia He se charger de tout ça, c'était plus sûr pour l'état de mes vêtements, des murs et de la cuisine en général. Réalisant que je n'avais encore rien mangé, j’engouffrais le premier mandu d'une traite. Je manquais presque un battement de cœur, non pas par dégoût mais par pure anticipation. C'était pas mauvais mais j'arrivais pas à me sentir serein sur ce que je mangeais présentement. Et puis y avait le regard de Na Eun qui ne me lâchait pas de ses prunelles. Bon sang et les autres avait déjà bouffer au moins la moitié de leur assiette. C'était pas le moment de faire le frileux. J'avais signé pour participer à l'épreuve pas pour jouer les gourmets gastronomes.

3 + 6 + 7 = 16 mandus

Avaler sans regarder mais sans fermer les yeux. Quitte à foutre du bouillon sur mon tee-shirt, je n'allais pas la lâcher des yeux. C'était préférable pour moi de lâcher prise et d'engloutir sans me poser de question, quitte à ne pas être des plus glamour. Je ne croyais plus en ma victoire mais j'étais déterminé à viser la deuxième place au moins. J'avais pris bien trop mon temps sur la première assiette mais maintenant que j'étais lancé, que mon palet ne faisait même plus de distinction entre goût et texture, j'étais capable de descendre le tout avec plus de rapidité. Le secret était de mâcher peu mais efficacement. Manquerait plus que je m'étouffe et finisse à l'hosto. Où comment gâcher ce moment avec Na Eun pour une connerie. Je ne comptais même pas le nombre de mandus qui glissaient contre ma langue et qui se faisaient broyer de quelques féroces coups de mâchoire, tout ce que je savais c'est que mon assiette diminuait grandement et que la nausée me montait. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que le gong ne retentisse et me libère de cette torture intestinale. Ma bouche ne pouvait presque plus rien avaler. Je sentais le repas de plus tôt remuer dans mon estomac. Je n'allais quand même pas me disqualifier maintenant en rendant tout mon repas et l'épreuve devant tout le monde. Impossible ! J'ingurgitais encore une brioche avant que la sonnerie ne retentisse. Je soupirais de soulagement et me relevait aussitôt de là, non sans me tenir le bide. Je ne me sentais pas bien. Pas bien du tout et j'avais beau essayer de ne pas le montrer, je n'y parvenais. La seule consolation que j'en tirais, c'est que je m'en étais mieux sorti que les quatre autres concurrents. Mais à quel prix ? j'allais finir malade dans peu de temps.

Je rejoignais Na Eun aussi rapidement que je le pouvais, m'appuyant contre son épaule. « Sérieux... la prochaine fois, je n'y vais pas sans toi. » Je portais une main jusqu'à ma bouche mais stoppait le geste net, esquissant plutôt un petit sourire angélique. « Ça s'mange tout seul. Même si j'en ai pas donné l'impression durant l'épreuve, c'était pas mauvais. Enfin si tu oublie les conditions dans lesquelles ils sont préparés j'veux dire. T'as tort de pas être montée sur scène avec moi. C'est gratuit tu sais ? J'dis ça, j'dis rien. » L'argument le plus naze qui soit. J'avais tout l'argent du monde pour nous payer un restaurant cinq étoiles si je le voulais. Mais Na Eun n'était pas comme ça. Elle ne profitait jamais de mon argent plus que nécessaire. En revanche, les offres lui faisaient toujours miroiter des étoiles dans les yeux. Des fois j'aurais voulu naître dans une famille comme la sienne. Être dépourvu de fortune et de me battre pour survivre. J'en ai sûrement la carrure. Me tenant toujours le ventre, je la poussais délicatement d'une main dans le dos. « Aller fait pas ta frileuse. Va te goinfrer aussi que j'admire ça avec autant de délectation que tu m'as admirée affronter mes pires cauchemars en direct ! »

3 + 6 + 7 = 16 mandus